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Le Blog de Marcus Da Writer

REPONSES A TROIS QUESTIONS SUR L'AMITIE

16 Février 2014 , Rédigé par Da Writer Publié dans #De moi à vous

REPONSES A TROIS QUESTIONS SUR L'AMITIE

Il m’a été récemment demandé de définir, selon ma propre conception, ce qu’est réellement l’amitié. La question m’a été posée comme suit : « Qu’est-ce que l’amitié ? »

Bien que j’affectionne ce genre de challenge, je crains de n’être cette fois en mesure de le relever comme il se pourrait qu’on attende que je le fasse. Je doute être capable de répondre avec toute la dextérité que requiert une telle question. Comment le pourrais-je ? Sur quelle base irais-je ? Puis-je dire, sans l’ombre d’un doute, avoir connu une réelle relation d’amitié, ou avoir été témoin d’une véritable amitié ? Même si la tentation de répondre positivement à cette question est forte, la raison, ou peut-être la sagesse, me pousse à la réserve, car, une amitié est bien plus complexe qu’on ne le croit ; d’où la difficulté pour la définir.

S’il est vrai qu’elle n’exige pas autant que l’amour, et qu’elle concède plus de liberté à ceux qui la partagent, n’en demeure pas moins qu’une relation d’amitié se doive de respecter certaines règles. Mais lesquelles ? Qui est-ce qui les définit ? Comment les définit-il ? Et pourquoi ?

S’il nous est possible de dire qu’il est mal, voire injuste, de tromper l’autre dans une relation amoureuse, en amitié, cependant, l’on ne peut rien dire de tel. Vouloir cantonner l’amitié dans une suite de règles, c’est tuer l’amitié à son orée. Tout bien réfléchi, je pense que c’est cela son grand problème : son manque de règles évidentes. Un ami ne peut dire à son ami, sous quelque ton que ce soit : « ne me trompe jamais. » En tant qu’ami, il doit toujours supposer que dans l’esprit de l’autre, cela est une évidence. C’est aussi cela la confiance, laquelle, en passant, occupe une grande place dans la relation d’amitié. Mais peut-on blâmer quelqu’un pour une chose qui ne lui a pas été interdite ? Peut-on revendiquer un droit à la vérité, ou à la fidélité, pour la seule et bonne raison qu’on est l’ami ? Il est certain qu’on le devrait, si l’on considère l’amitié comme un contrat entre deux êtres. Mais si l’on s’en tient aux valeurs premières de l’amitié, qui sont, je le crois, de ne rien exiger de l’autre, afin que l’amitié donnée ne soit pas conditionnel et conditionné, l’on ne peut revendiquer ce droit à la vérité ou à la fidélité, quoi qu’il soit fondamental pour la bonne entente des deux amis.

Soumettre l’autre à des règles, à des réserves, c’est tuer l’amitié. Ne pas l’y soumettre, c’est prendre le risque de le voir les enfreindre. Que faire alors, d’autant qu’on ne peut non plus se plaindre d’une chose qu’on n’a pas définit dès le départ ? En parlant de départ, car cela est important pour la compréhension de ce sentiment, est-il possible de dire, avec certitude, que notre amitié avec l’autre a commencé à telle date ? Si non, à quel moment sait-on qu’on est passé de la simple connaissance à l’amitié ? Qu’est-ce qui favorise ce changement de statut ? Et qu’est-ce qui nous permet de dire qu’untel est notre ami, alors que l’autre, que l’on connait pourtant mieux, et parfois avant le premier, n’est pas notre ami, ou ne l’est plus ? Que doit faire une personne pour être considérée comme un ami, et quelles sont les choses qui pourraient lui retirer cette prérogative ? Toutes ces questions empêchent de répondre de manière adéquate à la question de la définition de l’amitié. L’amitié ne peut donc se définir. On pourrait lui donner tous les adjectifs que l’on voudra, lui prêter tous les honneurs que l’on trouvera, mais l’amitié demeurera impossible à expliquer, encore moins à définir. Pour ce faire, il faudrait avoir connu une véritable amitié. Or, une véritable amitié ne peut se juger que d’un seul côté. Et même avec la présence des deux amis, il faudrait que les bouches se taisent, et que les cœurs parlent ; ce qui, à l’évidence, ne se produira pas demain la veille. Qu’est-ce que l’amitié ? Je ne sais pas. Une entente, peut-être !

L’autre question, posée par cette même personne, était celle-ci : « Comment peut-on qualifier le vrai ami ? » Je crois que l’obstacle de la première question nous poursuit ici. Qualifier le vrai ami serait une autre manière de définir l’amitié, car, à partir de ce prototype de vrai ami, on pourrait imaginer un prototype de vraie amitié ; or, cela est, non pas impossible, mais difficilement possible.

En tant qu’êtres sociaux, nous avons tous une image de l’ami idéal. D’aucuns diront que c’est celui qui ne les juge pas, et d’autres, que c’est celui qui leur dit tout le temps la vérité. Or, la vérité n’est rien d’autre que la conséquence d’un jugement. Sinon, comment dire la vérité sans juger au préalable ? Il est peut-être opportun de dire ici que les mots « ami », « amitié, « juger » et « jugement », sont de nos jours galvaudés. L’on pense souvent que l’ami, e véritable, est celui qui ne nous fait que du bien, et jamais du mal ; que l’amitié, c’est la belle entente entre deux êtres ; que juger, c’est inéluctablement dire du mal de l’autre ; et que le jugement, c’est une sentence toujours négative. L’ami, à mon sens, n’est pas celui qui ne nous fait que du bien – comprenez dans la vision manichéenne du monde –, mais plutôt celui qui, même en nous faisant du mal, fait ce qui est juste. Et pour ce faire, l’ami doit juger. Il ne peut se dérober face à cette tâche. Juger, en d’autres termes, c’est prononcer une décision de justice. Il ne faut pas confondre cela avec le mot dénigrer, qui, lui, est péjoratif. C’est pourquoi il est aberrant de voir des gens dire que seul Dieu peut les juger, pensant ainsi dire une chose juste, alors que non. L’ami, en jugeant, pousse son ami vers ce qui est juste. L’amitié ne veut donc pas dire caresser dans le sens du poil. Il faudrait au contraire se réjouir d’avoir une personne qui nous dit la vérité telle qu’elle la pense, plutôt qu’une personne qui ne dit que ce que l’on a envie d’entendre. Beaucoup de relations d’amitié – si tant est qu’on puisse considérer ces relations comme de l’amitié – cessent parce que l’un des amis a eu l’audace de dire la vérité telle qu’il la pensait. Certes, la manière de le dire compte pour beaucoup, mais ne devrait-on pas plutôt se réjouir d’entendre la vérité, plutôt que de s’attarder sur la manière dont elle est dite ? Quelle soit criée ou murmurée, la vérité restera la vérité. Il vaudrait peut-être mieux la prendre telle qu’elle vient.

C’est pourquoi, autant il m’est impossible de définir l’amitié, autant il m’est difficile de qualifier le vrai ami. Il me manque certaines libertés pour le faire. Si je me hasardais une qualification de l’ami véritable, je tuerais sans doute l’ami et l’amitié, car, les amis ne se ressemblent pas tous. On n’a que l’ami à notre convenance. C’est pourquoi les amis de nos amis ne sont pas obligatoirement nos amis. D’ailleurs, il ne faudrait pas l’accepter. Ce qui permet à telle amitié de fonctionner, ne peut pas favoriser le fonctionnement d’une autre amitié. On ne peut donc qu’avoir un ami taillé sur mesure, juste pour nous. L’idéal, cependant, serait que cet ami, qui est notre autre nous, puisse, grâce aux prérogatives que lui donne le fait de ne pas être nous, nous pousser à devenir des gens meilleurs. Pour ceux que cette dernière phrase paraitrait alambiquée, ce que je tente de dire ici, c’est que l’ami doit être notre miroir ; mais à la différence de l’objet qui reflète notre image, l’ami a le pouvoir de penser et de parler, donc d’avoir une opinion. Son rôle – bien qu’il n’en soit pas véritablement un – devrait de ce fait de nous pousser à être de meilleures gens. L’ami devrait nous dire ce qui, sur notre personne, ne va pas, et peut être changé, afin que nous l’améliorions. L’ami est celui qui ne nous laisse pas être à la merci de la critique extérieure, car il la fait lui-même, afin de nous protéger d’autrui, qui ne nous considère pas comme un ami, et qui n’hésitera pas à nous exposer à la diatribe. Mais cela, nous n’avons aucun droit de l’exiger de l’ami. Aucun contrat, de quelque nature, ne nous lie à lui. De ce fait, il est libre de faire comme de ne pas faire. Mais s’il se considère comme un ami, il est condamné à se comporter comme tel. Tout cela est un peu complexe, je l’avoue, mais ce pourrait être simple si l’on comprend que l’ami n’est engagé qu’avec sa propre conscience, et qu’on n’a, nous, aucun droit d’exiger quoi que ce soit de lui. Vouloir à ce que l’ami compatisse à notre douleur ou à notre débâcle, par exemple, c’est demander plus qu’il n’en faut à un être qui ne nous appartient pas. A mon sens, l’ami idéal est donc cela : celui qui, par divers procédés, nous poussent à être meilleurs que nous-mêmes.

La troisième question était celle-ci : « Comment reconnaître le vrai ami ? »

Le fait que les trois questions soient liées, lie également leurs réponses. Pour reconnaitre le vrai ami, il faudrait déjà le qualifier. Or, pour le qualifier, il faudrait définir l’amitié, ce qui, à la lumière des précédents paragraphes, est chose quasi impossible. Si je devais toutefois répondre à cette dernière question, sachant pertinemment que je ne ferais que tâtonner, je dirais qu’on reconnaît le vrai ami en rencontrant la personne qui complète nos manques. Je m’explique. C’est une lapalissade que nul d’entre nous n’est parfait. Nous sommes donc des êtres en quête d’une certaine perfection, ou du moins tendons-nous vers cette perfection. Or, ne pouvant s’auto-juger en toute objectivité – comme il est impossible, sans une glace, de dire à quoi ressemble son propre visage – on a besoin d’un autre pour dire ce qui nous manque afin qu’on y travaille. L’autre sert donc de juge, puisqu’il nous dit quand est-ce qu’on a évolué ; ce que nous avons amélioré ; ce qu’il nous reste à travailler ; là où on a échoué ; et enfin, ce qu’on doit éliminer. Ces choses, on ne peut les voir sans l’aide de l’autre. Or, une personne qui ne sait être franche, soit parce qu’on le lui a exigé, ou parce qu’elle est de nature flagorneuse, ne nous dira jamais ce qui va, et ce qui ne va pas. Elle aura toujours cette tendance à cacher le mal de peur de nous faire mal. Et l’on continuera ainsi, naïvement, avec nos nombreux défauts, croyant être plus proche de la perfection que jamais. Un ami sincère est un trésor. Un ami qui sait faire mal pour faire bien est une bénédiction. Il faut se méfier des gens trop gentils, car ils ont tendance à couver une grande méchanceté derrière leurs beaux sourires et leurs compliments tout faits. A mon avis, une personne qui ne vous fait jamais de reproche est tout sauf votre ami. Aucun de nous n’est parfait, et si l’autre, celui qu’on considère comme l’ami, ne peut pas le voir, il ne mérite donc pas ce titre. Parfois, c’est celui qui nous fait le plus de mal qui nous fait le plus de bien.

Ce texte pourrait n’être qu’un grand verbiage, mais c’est ma conception de cet étrange sentiment que l’on appelle l’amitié. Sa complexité cependant ne cesse de me surprendre, car, chaque fois que je crois l’avoir cernée, je découvre une chose inédite qui me fait douter davantage. Par exemple, l’on croit parfois que la personne avec laquelle on passe le plus de temps est notre réel ami, alors qu’il est bien possible qu’on ait vu que peu de fois notre véritable ami, et parfois jamais. Beaucoup d’entre nous pensent avoir des amis, lorsqu’ils n’ont en fait que des connaissances. Ce n’est pas parce que l’on dit d’une personne qu’elle est notre meilleur(e) ami(e), qu’elle l’est réellement. La plupart du temps, nous attribuons ce titre en se basant sur des intérêts ; or, la véritable amitié devrait être libérée de tout intérêt. Comme pour l’amour, on ne devrait pas être en mesure de dire qu’untel est notre ami parce que ceci ou cela, parce qu’en le faisant, on cantonne l’amitié ; on lui donne des limites ; on tue tout ce qui aurait pu être vrai, naturel et spontané, car lorsque cet autre cessera d’être tel qu’on l’a défini, dans notre esprit, il aura déjà cessé d’être notre ami. Ce qu’il faut retenir c’est qu’aucun contrat, de quelque nature que ce soit, ne nous lie avec notre ami. Autant nous sommes libres de tout, autant il l’est. Le seul contrat que nous ayons est celui avec notre propre conscience, celle-là qui nous pousse à ne pas trahir l’ami, à ne pas lui mentir, à ne pas le dénigrer, à ne pas le haïr, à ne pas le voler, à ne pas le tuer, et à ne pas faire tout ce que notre propre esprit pense être mal. L’ami n’est valorisé que par l’ami, mais aussi dévalorisé que par lui.

Da Writer.

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M
bonjour (je suis une fille) j aimerais être amies avec une fille qui est danq le meme college sue moi ...elle a l air sympa ...mais je ne la connais pas et je n ose pas faire faire le premier pas...je suis désespéré... des conseil peut être ??merci..
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S
Belle réflexion philosophique sur l'amitié. En ce qui concerne ce lien social essentiel à tout être humain, je serai assez basique, c'est quand on est dans la difficulté qu'on reconnaît les vrais amis. Cependant, il ne faut jamais abuser de la générosité de cet ami, et devenir pour ce dernier un boulet. Je crois qu'il s'agit avant tout d'un échange équilibré entre deux personnes : je te donne, tu me donnes. <br /> Cordialement.<br /> FS
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D
Bonjour mon « ami », c’est vraiment une belle réflexion que tu nous as exposée sur l’amitié. Comme je le dis, l’homme est un artiste, il se comporte différemment selon le contexte, pas pour choquer ou pour plaire, à tout moment, mais pour être de connivence avec ce milieu. Je comprends dés lors la difficulté de donner une seule et unique définition de l’amitié, je dis même que c’est impossible. Il y a une multitude de définitions de l’amitié, et toutes se valent.<br /> Ce qu’il faut savoir c’est qu’on peut avoir aussi plusieurs amis, car la relation que l’on entretient avec l’un ou l’autre n’est pas forcément la même partout : raison pour laquelle je suis d’accord quand tu dis « l’ami de mon ami n’est pas forcément mon ami ». Un ami ou un vrai ami n’est pas forcément celui qui nous ressemble. Il peut totalement être différent de nous, de ce que nous croyons : manières de penser de sentir les choses. C’est ce qui explique le fait qu’on ait plusieurs amis. <br /> Ce qu’il faut savoir maintenant c’est distinguer son ami et son compagnon. On reconnait son ami ou son vrai ami surtout dans les moments difficiles, quand on a de sérieux problèmes, alors que le compagnon fait tout pour ne pas tomber avec toi.<br /> Pour moi la question qui me semble intéressant de poser après ta belle réflexion sur ce sujet est la suivante : sait-on vraiment qui est notre ami ou vrai ami, comme vous voulez ?
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