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Le Blog de Marcus Da Writer

LES ENFANTS DOIVENT-ILS REALISER LES RÊVES DE LEURS PARENTS ?

19 Septembre 2013 , Rédigé par Da Writer Publié dans #Le mot de l'Observateur

Entre mon père et moi, c’est la guerre. En fait, cela l’a été pendant un certain temps - quatre ans pour être exact -, mais à présent, thanks to God, tout est rentré dans l’ordre ; nous avons, semble-t-il, fait la paix –j’espère que c’est pour longtemps. Notre problème, n’allez pas chercher trop loin, était très simple : lui voulait que j’entre à l’Université, fasse des études de Droit, et devienne avocat ; or, j’avais une toute autre vision de ce qui devait être mon futur, et devenir avocat n’en faisait absolument pas partie. Nous pas que je n’appréciasse pas ce métier, mais je ne me voyais tout juste pas le pratiquer. Puisque j’avais refusé d’ « obéir », de me « soumettre » à la volonté paternelle, j’étais devenu son « ennemi number one du pater », ou si vous le voulez : « le rebelle » (oui, comme Reno Raines xD).

J’ai entendu des conseils tous azimuts, allant du célèbre « un enfant se doit d’obéir à ses parents », jusqu’au « pense un peu à tout l’argent qu’il a dépensé pour tes études », en passant par celui que je préfère, car il n’est pas le moindre « souviens-toi qu’un enfant a toujours une dette envers ses parents » ; ce qui se traduit en wolof par « Akou Njourel ». Bon, à ce moment-là, je n’avais pas des répliques du genre : « mais Saint-Augustin a dit qu’à une loi injuste, nul n’était tenu d’obéir » (hors contexte, je sais) ; ou encore, pour le deuxième, à la Gad El Maleh cette fois : « mais c’est son rôle de le faire ! S’il ne dépensait pas cet argent, je n’allais pas aller à l’école, et j’allais être un analphabète, c’est tout. » ; et pour le troisième : « oui, c’est vrai. Mais on peut quand même discuter des modalités de paiement, non ? ».

Mais bon, je n’avais pas toutes ces répliques, alors ces conseils ont bien eu raison de moi. Même s’ils ne m’avaient pas convaincu –je suis têtu, je sais-, j’avais fini par accepter. J’ai intégré l’Université, fais une année –ou plutôt une moitié d’année- de Droit, pendant laquelle je me suis vraiment, alors vraiment fait ch… disons que je me suis ennuyé. N’allez pas penser que je n’ai pas d’efforts, loin de là ! Je n’ai fait que ça, des efforts. Se réveiller tous les matins à six heures, était un effort. Trainer son corps jusqu’à la fac, était un autre effort. Rester assis pendant des heures et des heures de cours, était aussi un effort. Mais plus que tout, bosser dur pour avoir de bonnes notes, était l’effort suprême. En effet, je m’en sortais bien en Droit, mais cela ne m’empêchait pas de m’ennuyer, car je me voyais ailleurs.

Est-ce là le but des études ? S’ennuyer ? Passer son temps en salle à se demander ce qu’on aurait pu faire si l’on n’avait pas à être là ? Penser aux rêves que l’on laisse nous filer entre les doigts, parce qu’ils ne collent pas avec un futur de plein aux as ? Faut-il faire ce sacrifice pour faire plaisir à ses parents, sous prétexte qu’ils ont payé nos études, et que, par conséquent, nous avons cette dette envers eux ? Faut-il mettre ses propres rêves de côté pour réaliser ceux que nos parents ont voulu pour nous, ou encore, ceux qu’eux-mêmes auraient voulu réaliser, mais n’ont pas pu ? Je ne le pouvais plus, alors j’ai refusé. Je vous l’ai dit, je suis têtu. Et comme l’a si bien dit Ahmadou Kourouma : « Quand on refuse on dit non. » Alors, j’ai dit non, et ai quitté le Droit (pourtant j’aimais bien un ou deux profs… pas grave).

Ma question est donc la suivante : les enfants doivent-ils réaliser les rêves de leurs ?parents? Avant de répondre, laissez-moi terminer mon speech s’il vous plait.

Croyez-moi, j’ai lu le livre de Barack Obama : « Dreams from my father ». Mais cela n’a absolument rien à voir. D’où est venue à mon père cette idée de faire de moi un avocat ? Je vais vous l’expliquer.

Mon père, comme il n’a jamais cessé de nous le rappeler, était un élève brillant, voire très brillant. Il faisait partie des meilleurs de sa classe (oui, je sais, comme votre père). Mais au grand étonnement de tout le monde, un jour il quitte l’école pour suivre son rêve : devenir miliaire. Ainsi, intègre-t-il l’armée (non, ce n’est pas un tueur mon père). Après deux années, il quitte l’armée pour reprendre les études. Bon, j’avoue que jusqu’à ce jour, j’ignore les raisons de ce virement. Mais il l’a fait, et c’est ce qui importe –heureusement d’ailleurs.

Un jour cependant, plusieurs années plus tard, alors qu’il a fondé une grande famille, et a assez de moyens pour nourrir d’autres familles (parce que c’est comme ça en Afrique. La réussite, c’est pour tout le monde ; la faillite, pour toi tout seul) ; l’un de ses amis d’enfance, avec lequel il avait partagé les bancs de l’école (souvenirs, souvenirs), vient lui rendre visite. Manque de pot : c’est un avocat de renom, qui plus est a travaillé à l’ONU ; vous savez, le genre costume à mille dollars (bon ok, cinq cent), voiture de luxe, habitant dans un palace, dinant à Déjeunant à Londres, dinant à Paris. Je sais que vous voyez ce dont je parle. Donc, lorsque l’homme lui parle de son parcours, de ses réussites, et de l’aisance financière qu’il a désormais grâce à son métier ; dans la tête de mon père, renait un rêve d’enfance. Enfant, lui aussi voulait devenir avocat, mais il l’avait juste oublié, enfin, jusqu’à ce jour-là. Et puisqu’il n’est pas devenu avocat comme il l’aurait souhaité, c’est à son fils ainé de reprendre le flambeau. Ainsi, comme dans une distribution de rôle au théâtre, mon père s’est mis à distribuer nos futurs :

« Toi (à ma sœur), tu seras docteur -il avait aussi un ami docteur très renommé- ; toi (à mon autre sœur), tu seras journaliste (comme tous les papas, il adorait Euronews) ; toi (à une troisième sœur… je sais, j’en ai trop) tu seras banquière (qui n’aimerait pas cela pour sa fille); et toi (enfin, à moi), tu seras avocat.

  • Mais papa ! Je voulais être superman, moi !
  • Non, tu seras avocat. Parce que c’est bien un avocat. Ca gagne beaucoup d’argent, et en plus, ça défend beaucoup de pauvres gens. »

Tout naïf, cela avait suffi à me convaincre, alors j’ai accepté. Et je vous promets qu’à ce moment-là, il n’y avait pas de Boston Legal, de Suits ou même Kevin Hill … Il n’y avait que Columbo et Inspecteur Derrick, et ceux-là, personne n’avait envie de les ressembler (oui, je sais qu’ils n’étaient pas avocats. Mais ils défendaient des gens, et gagnaient beaucoup d’argent, non ?).

Mais revenons à notre réalité.

Voilà donc comment lui est venue cette idée de faire de moi l’avocat de renom qu’il avait toujours voulu être. Depuis ce jour-là, il nourrit cette ambition ; et moi aussi d’ailleurs ; cela était sans compter les caprices de la vie, qui vous mène par le bout du nez où elle veut (ou peut-être est-ce le cœur. Je n’en sais trop rien). Par la suite, j’ai découvert la Mathématique et la Science Physique, et je suis tombé amoureux d’elles. C’était difficile de choisir entre les deux, je les aimais au même niveau. Je pouvais passer des nuits entières avec elles, sans jamais me lasser. Un jour, c’était la première, et l’autre, la seconde. Aucune ne se plaignait parce que je les traitais avec égalité. Vous pouvez alors imaginer à quel point je les aimais. Mais, étant un homme avec ses faiblesses, j’ai fini par les tromper avec la Littérature. C’est ainsi que je suis devenu polygame. Mais bon, c’est ma vie privée, et là n’est pas le propos.

Revenons-en à notre question du départ.

Faut-il, en tant qu’enfant, réaliser le rêve de ses parents ?

En ce qui me concerne, je pense que cela n’est pas un devoir, mais plutôt une question de volonté. Si l’on sent que le rêve que nos parents ont pour nous, coïncide avec celui que nous faisons pour nous-mêmes ; eh bien, il faut juste accepter, et tout le monde sera content. Mais si tel n’est pas le cas, ce serait un suicide que d’emprunter une voie qui ne nous intéresse pas, sous prétexte que nous sommes de bons enfants, et voulons par conséquent faire plaisir à nos parents.

Les parents n’ont pas à choisir ce que leurs enfants seront plus tard. Ils peuvent vouloir une chose, la leur proposer, mais pas la leur imposer. Ce que le futur nous réserve, nul ne le sait. Et les voies menant à notre destination finale sont nombreuses, et peuvent parfois être mal vues au départ. Par ailleurs, les parents n’ont pas à vouloir que leur progéniture réalise les rêves qu’eux-mêmes n’ont pu réaliser. Cela est non seulement égoïste, mais c’est surtout mal. Les parents ne peuvent donner que deux choses à leurs enfants : des racines et des ailes. Des racines pour toujours se souvenir d’où ils viennent, et des ailes pour s’envoler jusqu’au firmament. Car, un bon parent, c’est celui qui devine ce que son enfant veut faire, et l’aide à le réaliser ; non pas celui qui tue le rêve de son enfant, pour lui faire réaliser le sien. Dans ces cas-là, ce ne sont que des enfants frustrés qui peupleront le monde, et certainement voudront également qu’à leur tour, leurs enfants réalisent leurs rêves, avec comme excuse ce célèbre argument que nous avons tous entendu (moi certainement plus que vous) : « A mon père, je n’ai jamais dit non, moi ! »

Ok, d’accord, mais moi je le dis : « Non, papa. Sauf ton respect, c’est gentil de faire des projets aussi ambitieux pour moi. Je sais que c’est parce que tu m’aimes, et que tu ne veux que mon bien et mon bonheur ; et moi aussi je t’aime, et je veux la même chose. Mais tu vois, ils ne conviennent pas avec ce que je veux faire, ni à ce que j’aime. Moi, je veux devenir Superman ! »

Ce sont nos parents, ils ont le devoir d’écouter ce que nous avons à dire. Mais pour cela, il faut oser le dire, avec respect bien entendu, et surtout le plus sincèrement possible. Cela ne sert à rien de faire une chose que l’on n’aime pas. L’on ne peut pas rendre un service à quelqu’un en dehors de sa volonté. C’est mal.

PS 1 : Mon grand-père voulait que mon père devienne militaire. Ceci explique cela !

PS 2 : Un enfant de vingt-ans qui vous dit qu’il veut devenir Superman, s’il vous plait, faites-le pour moi : flanquez-lui une belle baffe, et envoyez-le dans un hôpital psychiatrique.

Da Writer.

Ne laisse personne t'empêcher d'obtenir ce que tu veux. Personne ne dit que ce sera facile, mais cela vaut quand même la peine de s'y accrocher.

Ibuka

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